Le Directeur général des Ivoiriens de l’extérieur a annoncé, à Hambourg, la mise en place imminente d’un mécanisme de financement des investissements de la diaspora ivoirienne en terre natale.
Les Ivoiriens résidant en Allemagne, notamment dans la partie septentrionale du pays, n’ont pas regretté d’avoir pris part à la rencontre organisée samedi, dans un hôtel de Hambourg, par l’Ambassade de Côte d’Ivoire en Allemagne, en collaboration avec le Cepici (Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire).
A l’image de Fofana Mamadou, président de l’Association des Ivoiriens résidant à Hambourg, ils ont félicité chaleureusement les organisateurs de la rencontre et les personnalités ivoiriennes venues les entretenir sur de divers sujets, principalement le Directeur général du Port autonome d’Abidjan, M. Hien Yacouba Sié, le Directeur général des Ivoiriens de l’extérieur, M. Issiaka Konaté, et le chef de service de l’attraction des investissements du Cepici, M. Thierry Badou.
C’est M. Issiaka Konaté qui a donné le ton de la rencontre: « Avec toutes ces personnalités venues spécialement d’Abidjan pour cette réunion, vous comprenez toute l’importance qui vous est accordée à vous, Ivoiriens de la diaspora. Cette importance tire son origine de l’appel lancé en 2011 par le Président de la République, M. Alassane Ouattara, à la diaspora afin qu’elle revienne en Côte d’Ivoire prendre toute sa place dans le processus d’émergence de la Côte d’Ivoire. Vous avez une part très importante à jouer pour que la Côte d’Ivoire puisse atteindre ces objectifs. Et c’est la raison pour laquelle nous sommes là. Notre ambition, c’est de vous encourager à investir en Côte d’Ivoire. Ne vous laissez pas désinformer par les réseaux sociaux. Prenez l’avion, rendez-vous à Abidjan, et vous verrez ce que le pays est devenu, l’un des plus beaux et les plus dynamiques du continent africain, avec de multiples infrastructures modernes et de nombreuses opportunités d’affaires ».
Les contributions de la diaspora ivoirienne sont très faibles dans le PIB de la Côte d’Ivoire, oscillant entre 0,9% et 1,2%, a constaté M. Konaté. Alors qu’ailleurs sur le continent, l’effort des diasporas représente entre 3 et 6% selon les pays. M. Konaté a appelé les Ivoiriens de Hambourg, qui vivent dans l’une des villes les plus prospères de l’Allemagne, elle-même première puissance économique européenne, à investir davantage dans leur pays d’origine, en transcendant les difficultés pouvant survenir.
Après avoir rappelé certaines raisons pour lesquelles les Ivoiriens de l’extérieur investissent moins en Côte d’Ivoire, au premier rang desquelles l’insuffisance de soutiens financiers de l’Etat, M. Konaté a annoncé, au grand bonheur de ses compatriotes hambourgeois, l’avènement imminent d’un nouveau mécanisme censé adresser plus efficacement cette problématique récurrente.
« Nous avons mis un certain nombre de dispositifs en place. L’un de ceux-ci en ce qui concerne les Ivoiriens de l’extérieur, c’est de créer des rencontres régulières avec eux, comme les forums de la diaspora. Nous avons réalisé deux éditions de DFG, Diaspora for Growth (dioasporas pour la croissance, Ndlr), avec le Cepici (Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire en 2013 et 2015 au cours desquelles nous avons parlé des secteurs porteurs de l’économie ivoirienne. Nous avons aussi fait deux éditions de forums de la diaspora, qui ont débouché sur des résolutions, et la quasi-totalité des rencontres du Chef de l’Etat avec la diaspora ivoirienne a aussi donné lieu à des résolutions et recommandations que nous avons utilisées pour mettre en place un avant-projet de Politique de gestion des Ivoiriens de l’extérieur, qui sera orienté sur quatre axes fondamentaux : la gouvernance, la participation citoyenne, la mobilisation des compétences des Ivoiriens de l’extérieur, de leur épargne et de leurs investissements, l’assistance et la lutte contre l’immigration irrégulière », a commenté M. Konaté.
Avant de poursuivre : « Nous avons constaté que lorsque la diaspora revenait en Côte d’Ivoire, elle avait des problèmes pour obtenir des emprunts financiers nécessaires pour investir, simplement parce que les banques ne faisaient pas confiance à ces personnes avec qui elles n’avaient pas construit d’histoire. La Côte d’Ivoire va signer bientôt un MOU (Mémorandum d’entente et de coopération) avec le Fonds de solidarité africain (FSA) qui est basé à Niamey, et cela va permettre de mettre en place un mécanisme d’appui à l’investissement de la diaspora ».
Le Directeur général des Ivoiriens de l’extérieur a rappelé des dispositifs incitatifs existants, comme le Prix du meilleur Ivoirien de l’extérieur doté d’une récompense de 15 000 euros (10 millions de FCfa), remis chaque année par le Chef de l’Etat lui-même. « Vous savez aussi que la Côte d’Ivoire, à travers le Bnedt (Bureau national d’études techniques et de développement) recrute des cerveaux en Europe pour venir travailler au pays, avec des salaires intéressants allant de 800 à 3 millions de Fcfa /mois, ce n’est pas rien », a-t-il ajouté, mentionnant aussi comme preuve supplémentaire de l’importance désormais accordée à la diaspora, les cérémonies de décoration de certains de leurs membres s’étant illustrés dans leurs domaines respectifs.
Lors du prochain forum de la diaspora en juin à Abidjan, a révélé M. Konaté, on parlera des précautions qu’il faut prendre quand on veut revenir dans son pays. « Quand on a quitté son pays depuis 20 ans, on ne peut pas y rentrer sans façon, comme si de rien n’était. On repart en fait comme dans un nouveau pays. Vos repères vont changer. Vos amis du lycée, que vous avez connus autrefois ont changé. Il faut le savoir. Il y a des gens qui peuvent être devenus malhonnêtes, vous n’en savez rien. Cherchez à faire les choses dans les normes. Quittez dans les affaires de « moi, j’avais un ami qui connaît quelqu’un qui connaît telle autre personne qui travaille au port, et qui peut faire sortir ma marchandise rapidement ». Cela ne vous attirera que des ennuis. Ne vous lancez pas dans un retour au pays et a fortiori dans un investissement, sans être allé vous-même sur place, prendre toutes les précautions, rechercher un partenaire fiable. Ne partez pas sur de vieux souvenirs », a fermement conseillé M. Konaté qui a raconté diverses anecdotes vécues par lui-même, ancien Ivoirien de l’étranger, pour exhorter ses compatriotes à plus de prudence.
Poursuivant cette séance-conseils, M. Konaté a ajouté : « Vous revenez dans votre pays, vous rencontrez des difficultés ? Oui, c’est possible, nous sommes encore des pays sous-développés. Le courant peut être coupé. Ça fatigue la tête, mais vous devez avoir trois qualités fondamentales pour réussir à transcender ces difficultés. L’humilité d’abord. L’Afrique n’est pas une terre rase, et ceux que vous trouvez sur place ont aussi leurs idées, leurs expériences et leurs savoir-faire qui peuvent vous être utiles. La persévérance, ensuite. Il ne faut surtout pas se décourager à la première épreuve ou à la première contrariété. Enfin, la patience. Vous pouvez envoyer des sms à quelqu’un qui ne vous répond pas, mais qui sera prêt à vous aider par la suite, comme si de rien n’était. Il faut comprendre que nous n’avons pas forcément les mêmes codes ».
M. Konaté a aussi exhorté les Ivoiriens de Hambourg, déjà organisés en associations et regroupements divers à mutualiser au besoin leurs moyens, afin de réunir les fonds et les expertises suffisants pour lancer de bonnes affaires qui marchent.
Lors de la rencontre, le Directeur général du Port autonome d’Abidjan, M. Hien Yacouba Sié, est également intervenu pour rassurer ses compatriotes sur les équipements modernes dont dispose le Port pour leurs transactions à l’export et à l’import, les exhortant à suivre les procédures qui figurent sur le site de l’institution. L’activité portuaire est très réglementée. « Les différents intervenants comme les transitaires ou les manutentionnaires sont soumis à agrément. Nous avons une liste des opérateurs agrémentés au sein desquels vous pouvez choisir celui qui vous convient. Mais, si vous allez voir des personnes en dehors et qui prétendent pouvoir faire sortir votre marchandise du port en tel temps ou tel autre, vous vous exposez à des déconvenues ».
Le chef de service de l’attraction des investissements au Cepici, M. Thierry Badou, a, quant à lui, exposé sur les différentes dispositions du Code des investissements, et les avantages octroyés aux Ivoiriens de la diaspora désirant investir en Côte d’Ivoire. Ceux-ci ont dit, à travers leurs porte-parole, en avoir pris bonne note, et ont pris l’engagement de se rapprocher de l’ambassade de Côte d’Ivoire en Allemagne, résolument engagée, selon son Premier conseiller et chargé de mission, M. Noël Ahounan, dans l’éco-diplomatie et le soutien aux initiatives de porteurs de projets ivoiriens ou allemands.
Valentin Mbougueng
Source Fratmat
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